Les puits

L
'utilisation de puits dans les tombes égyptiennes est fréquent voire systématique, c'est une des raisons pour laquelle il faut envisager les puits comme un possible passage des charges levées ou des contrepoids. Dans le cas des mastabas, moins hauts que les pyramides (une dizaine de mètres de hauteur) avec des pierres souvent moins lourdes, on observe plusieurs choses: des murs inclinés (entre 70 et 90°), un puits et parfois des fausses portes proches des murs qui font penser à des puits semi-ouverts à 3 côtés. Si on reprend l'étude réalisée dans le paragraphe "Rampe douce, normale, forte", le puits c'est le cas extrême pour lequel l'angle b=90°. Dans ce cas précis, la fonction z = [1/sina][sina+ucosa] = 1+u/tana. Il est intéressant de noter que u=tana représente la condition d'équilibre d'un solide sur une pente; quelle que soit la valeur de l'angle a<b, z>1, ce qui signifie que le puits, c'est le cas le plus favorable rencontré en terme d'efficacité par travailleur. Par exemple, si l'on compare un puits à une pente avec a=7°, alors avec un coefficient u de 0.5, le rapport z=5, c'est-à-dire que l'on monte 5 fois plus rapidement du poids avec le puits. C'est pourquoi, il serait logique de se dire que les pierres des massifs auraient été levées le long des faces ou par des puits et qu'il en serait de même pour les pyramides. Dans le cas de la pyramide de Khéops, ce qui reste surprenant, c'est que le seul auteur à ma connaissance qui ait envisagé un puits pour hisser des blocs de pierre est P. C. Sundt (2010) qui a imaginé un ascenseur actionné par la force humaine qui partirait du niveau de la chambre du roi (45m de hauteur) en direction du sommet. Dans le cas de la pyramide de Khéops, la hauteur de levage étant importante (146m), envisager un puits unique d'une centaine de mètres de hauteur n'est pas réaliste. C'est pour cela qu'il faut considérer maintenant de lever des charges en plusieurs fois, c'est-à-dire en utilisant plusieurs puits dans la structure voire des puits semi-ouverts (à 3 côtés) le long de massifs constituant différents niveaux de la pyramide à définir. Ce qui revient à dire que pour construire une pyramide élevée telle que la pyramide de Khéops, il faut d'abord réaliser une pyramide à degrés et fractionner les efforts pour soulever les charges le long des faces. C'est une conclusion logique et qui avait déjà été retenue par des théoriciens comme G. Dormion, inspirés par l'histoire de l'évolution des tombeaux égyptiens, dans laquelle les pyramides à degrés ont précédé les pyramides à faces lisses.